L'abrogation



Un certain nombre de missionnaires chrétiens qui s'évertuent à critiquer le Coran ont un problème avec le concept de l'abrogation. Comment Dieu pourrait-Il abroger Sa parole et changer d'avis ? nous demandent-ils. C'est pourquoi, nous nous proposons de formuler une réponse à cette critique, en réfutant un texte du Père Zakaria Botros portant sur l'abrogation dans le Coran.


Il existe deux grand types d'abrogation :

1) Abrogation d'une loi sans abroger le texte

2) Abrogation du texte avec ou sans abrogation de l'application







1) Abrogation d'une loi sans abroger le texte :

2.106
Nous n'abrogeons un verset, ni ne le faisons passer à l'oubli sans en apporter de meilleur ou d'analogue. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent ?
 
16.101
Quand Nous remplaçons un verset par un autre - et Allah sait mieux ce qu'Il fait descendre - ils disent : "Tu n'es qu'un menteur". Mais la plupart d'entre eux ne savent pas.


Il s'agit d'interdire quelque chose qui n'était pas interdit auparavant. Exemple, Dieu a interdit l'alcool progressivement :

Sourate 16 :
69. Parmi les fruits, vous avez le palmier et la vigne, d'où vous retirez une boisson enivrante et une nourriture agréable. Il y a dans ceci des signes pour ceux qui entendent.

Sourate 2 :
216. Ils t'interrogeront sur le vin et le jeu. Dis-leur : L'un et l'autre sont un mal. Les hommes y cherchent des avantages, mais le mal est plus grave que l'avantage n'est grand.[...]

Sourate 4 :
46. 0 croyants ! ne priez point lorsque vous êtes ivres : attendez de pouvoir comprendre les paroles que vous prononcez.

Sourate 5 :
92. 0 croyants ! le vin, les jeux de hasard, les statues et le sort des flèches* sont une abomination inventée par Satan ; abstenez-vous-en, et vous serez heureux.


Le Père Zakaria nous demande : Est-possible que la parole de Dieu soit abrogée alors que personne ne peut modifier sa parole? N'est-ce pas une contradiction? Comment Dieu peut-Il apporter un meilleur verset? A-t-il une parole meilleure qu'une autre?


Pour expliquer l'abrogation, c'est très simple. Prenez l'exemple d'un docteur qui modifie le traitement de son patient, en fonction de l'évolution de sa maladie. Si le patient souffre d'avantage, le médecin va augmenter le nombre de prise de médicament, ou bien, il va lui donner un autre traitement. Cela signifie t-il que le médecin est incompétent, puisqu'il change de traitement? C'est identique avec Dieu et l'évolution de l'homme. Ainsi, si le médecin modifie le traitement de son patient, il lui apportera un semblable ou un meilleur. Ainsi, lorsque Dieu dit qu'Il apportera un verset semblable ou meilleur, cela signifie simplement qu'il sera meilleur pour l'homme, que la prescription sera plus facile. C'est ce qu'explique Ibn Abbâs :

"Nous en apportons un meilleur, ou un semblable" signifie : Plus bénéfique et plus miséricordieux pour vous. Tafsir al-Tabari sourate 2.106 & Tafsir ibn Kathir sourate 2.106.


Il ne s'agit donc en aucun cas d'un verset de Dieu meilleur qu'un autre, tous les versets sont la parole de Dieu, simplement, selon les époques et le contexte, certaines prescriptions de Dieu sont plus bénéfiques à l'homme que d'autres. L'on peut demander aussi: Quelle est la sagesse derrière le fait d'abroger l'injonction du verset mais de maintenir sa récitation? As-Suyuti répond à cette question...

Si vous dites: Quelle est la sagesse derrière le fait d'enlever l'injonction mais de maintenir la récitation? La réponse se fait en deux angles : -

- L'une d'elle: Le Coran est récité dans le but de connaître qu'elle  injonctions il impose et pour les mettre en application, donc il est récité car c'est la parole d'Allah et cela apporte une récompense donc sa récitation est restée pour cette sagesse.


- Et la seconde: Que l'abroagtion est habituellement faite en guise de facilitation, donc la récitation est maintenue comme un rappel de la bénédiction et la suppression du fardeau.
(As-Suyuti, Al Itqan Fi Ulum Al Quran, Section: La Sagesse de supprimer l'injonction mais de maintenir la récitation, Source: http://www.altafsir.net/


Une troisième raison pour justifier la sagesse peut être trouvée avec l'exemple de l'interdiction de l'alcool. Quand on lit le Coran, nous pouvons constater la sagesse de comment l'Islam a entrepris peu à peu de changer les gens. Nous devons en tirer la leçon et apprendre à appliquer cette façon de faire dans notre vie  ou pas améliorer une société en proie à des mots et ne pas chercher à changer au cours d'une journée, de façon brutale, sans pédagogie mais progressivement. Nous pouvons voir cette sagesse à travers  la lecture de ces versets du Coran.


La Bible nous dit également que Dieu modifie ses plans au fur et à mesure que l'homme modifie les siens :

Jérémie 18
Soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, D'arracher, d'abattre et de détruire ;
Mais si cette nation, sur laquelle j'ai parlé, revient de sa méchanceté, Je me repens du mal que j'avais pensé lui faire.
9  Et soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, De bâtir et de planter ;
10 Mais si cette nation fait ce qui est mal à mes yeux, Et n'écoute pas ma voix, Je me repens du bien que j'avais eu l'intention de lui faire.

Genèse 6.6
L'Eternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur.

La Bible Annotée sur Genèse 6.6 :
Ce mot signifie seulement que l'homme ayant changé et, ne répondant plus à sa destination assignée de Dieu, Dieu change aussi à son égard. Si, une fois que l'homme se corrompt, il ne devenait pas pour Dieu un objet de déplaisir et non plus de satisfaction, ce serait Dieu lui-même qui changerait de caractère.


En raisonnant comme le fait le Père Zakaria, nous dirions que Dieu est en contradiction avec sa parole :

Nombres 23.19 
Dieu n'est point un homme pour mentir, Ni fils d'un homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera–t–il pas ? Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera–t il pas ?

Malachie 3.6 
Car je suis l'Eternel, je ne change pas ; Et vous, enfants de Jacob, vous n'avez pas été consumés.


Maintenant, voici quelques exemples d'abrogation de Dieu. Par exemple, plusieurs choses qui n'étaient pas permises, l'ont été par la suite, de même ce qui était licite, a été interdit plus tard :



Épouser deux sœurs était autorisé, puis Dieu l'a abrogé :

Autorisé :

Genèse 29
23 Le soir, il prit Léa, sa fille, et l'amena vers Jacob, qui s'approcha d'elle.
24 Et Laban donna pour servante à Léa, sa fille, Zilpa, sa servante.
25 Le lendemain matin, voilà que c'était Léa. Alors Jacob dit à Laban : Qu'est–ce que tu m'as fait ? N'est–ce pas pour Rachel que j'ai servi chez toi ? Pourquoi m'as–tu trompé ?
26 Laban dit : Ce n'est point la coutume dans ce lieu de donner la cadette avant l'aînée.
27 Achève la semaine avec celle–ci, et nous te donnerons aussi l'autre pour le service que tu feras encore chez moi pendant sept nouvelles années.
28 Jacob fit ainsi, et il acheva la semaine avec Léa ; puis Laban lui donna pour femme Rachel, sa fille.
29 Et Laban donna pour servante à Rachel, sa fille, Bilha, sa servante.
30 Jacob alla aussi vers Rachel, qu'il aimait plus que Léa ; et il servit encore chez Laban pendant sept nouvelles années.

Interdit :

Deutéronome 18.18
Tu ne prendras point la sœur de ta femme, pour exciter une rivalité, en découvrant sa nudité à côté de ta femme pendant sa vie.

Bible Annotée sur Genèse 29.30 :
La loi interdira plus tard d'épouser simultanément deux soeurs. {#Le 18:18} Bien que cette défense n'existe pas encore, les démêlés pénibles qui sont résultés de ce double mariage en montrent les dangers. Du reste, dans toute cette affaire, Dieu n'avait été consulté ni par Laban, qui n'obéissait qu'à son amour du gain, ni par Jacob, qui s'était laissé diriger uniquement par son amour pour Rachel. Remarquons aussi que Jacob ne songeait point d'abord à prendre deux femmes, et que c'est Laban qui lui a forcé la main.




Le Père de Moïse s'est marié avec sa tante, puis Dieu a interdit ce mariage : 

Autorisé :

Exode 6.20
Amram prit pour femme Jokébed, sa tante; et elle lui enfanta Aaron, et Moïse. Les années de la vie d'Amram furent de cent trente-sept ans. -

Interdit :

Lévitique 18:14 
Tu ne découvriras point la nudité du frère de ton père. Tu ne t'approcheras point de sa femme. C'est ta tante.





Manger certains fruits n'est pas permis la quatrième année, puis la cinquième année Dieu l'a autorisé :

Interdit :

Lévitique 19
23 Quand vous serez entrés dans le pays, et que vous y aurez planté toutes sortes d'arbres fruitiers, vous en regarderez les fruits comme incirconcis; pendant trois ans, ils seront pour vous incirconcis; on n'en mangera point.
24 La quatrième année, tous leurs fruits seront consacrés à l'Éternel au milieu des réjouissances.

Autorisé :

Lévitique 19.25
La cinquième année, vous en mangerez les fruits, et vous continuerez à les récolter. Je suis l'Éternel, votre Dieu.





La viande de porc était autorisé, puis elle a été interdite :

Autorisée :

Genèse 9
3 Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l'herbe verte.
4 Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang.

Interdite :

Lévitique 11.7 
Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur.





Dieu a demandé à Abraham d'égorger son fils, puis il le lui a interdit :

Autorisé :

Genèse 22:2 
Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va–t'en au pays de Morija, et là offre–le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai.

Interdit :

Genèse 22:12 
L'ange dit : N'avance pas ta main sur l'enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique.


Nous demandons au Père Zakaria : Comment se fait-il que Dieu est pu interdire des choses qui avaient été permises par lui, précédemment? Comment se fait-il que Dieu puisse changer sa parole? Certaines prescriptions de Dieu sont-elles meilleures que d'autres? N'y a t-il pas une contradiction?

Aussi, selon les chrétiens, Jésus a été envoyé d'abord aux juifs (Matthieu 15:24), puis à l'humanité entière (28:19). Nous demandons au Père Zakaria Botros, pourquoi est-ce que Jésus n'a t-il pas été envoyé directement à toute l'humanité?


Continuons :

Jésus dit ne pas aller à une fête, mais change d'avis juste après :

Jean 7
8  Montez, vous, à cette fête ; pour moi, je n'y monte point, parce que mon temps n'est pas encore accompli.
9  Après leur avoir dit cela, il resta en Galilée.
10 Lorsque ses frères furent montés à la fête, il y monta aussi lui–même, non publiquement, mais comme en secret.
11 Les Juifs le cherchaient pendant la fête, et disaient : Où est–il ?
12 Il y avait dans la foule grande rumeur à son sujet. Les uns disaient : C'est un homme de bien. D'autres disaient : Non, il égare la multitude.
13 Personne, toutefois, ne parlait librement de lui, par crainte des Juifs.
14 Vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple. Et il enseignait.


Pour expliquer ce changement d'avis, la Bible Annotée nous dit que Jésus pensait ne pas y aller, mais Dieu lui a fait changer d'avis :

Bible Annotée sur Jean 7.8 :
Le texte reçu fait dire à Jésus: "Moi, je ne monte pas encore," mais ce dernier mot n'est qu'une correction, très ancienne (B et nombreux majusc.) il est vrai, destinée à lever la contradiction qu'il y a entre cette déclaration de Jésus et le fait qu'il alla pourtant à la fête. {#Jn 7:10} C'est là, en effet, une sérieuse difficulté que l'incrédulité a exploitée dès les premiers siècles de l'Eglise. On sait par Jérôme que Porphyre en prenait occasion d'accuser Jésus "d'inconstance." L'exégèse moderne a fait diverses tentatives pour expliquer cette parole de Jésus. Ainsi, en insistant sur le présent du verbe: Je ne monte pas, elle le fait signifier: pas maintenant, ce qui revient au pas encore du texte reçu. (Lücke, Olshausen, Tholuck.) Ou bien elle a paraphrasé ainsi: "Je ne monte pas avec vous, ou avec la caravane." Ou encore, en mettant l'accent sur cette fête, elle a pensé que Jésus voulait dire: Je ne vais point célébrer la fête, prendre part à ses cérémonies, à ses sacrifices, à sa joie; et en effet, la fête était à moitié passée {#Jn 7:14} quand Jésus y monta en secret {#Jn 7:10} et se rendit directement dans le temple. (Ainsi Lange, Ebrard et d'autres.) Enfin une interprétation plus élevée et plus vraie, proposée par Bengel, admise par M. Luthardt et développée par M. Godet consiste à voir dans la parole de Jésus une réponse directe à la demande que ses frères lui faisaient de paraître publiquement et comme le roi Messie au sein de cette fête. Ce serait là ce que Jésus refuse, attendu que son temps n'est pas encore venu, pas encore accompli. Il n'ira donc pas à cette fête se manifester comme Messie; il dit: je ne monte pas à cette fête, et non: à la fête c'est qu'il en a une autre en vue, celle de Pâque, où son temps sera venu, et alors il ne se soustraira pas à la démonstration publique que ses frères réclament et qui le conduira à la mort. Cette interprétation renferme une part de vérité: elle relève l'opposition que Jésus établit certainement entre cette fête des Tabernacles et une fête subséquente vers laquelle se porte sa pensée; mais elle ne rend pas compte de sa déclaration si nette et si catégorique: Vous montez à la fête: moi, je ne monte pas. En donnant à ce dernier mot le sens de: "Je ne me manifesterai pas publiquement comme Messie," elle prête au langage de Jésus une équivoque qui est contraire à sa parfaite véracité. Est-il admissible qu'en disant: Moi je ne monte pas à cette fête, il eût déjà le projet arrêté d'y monter en secret? Il ne reste donc qu'une explication possible c'est qu'au moment où il parlait ainsi, Jésus était bien décidé à se tenir éloigné de la fête des Tabernacle qui se célébrait à Jérusalem, remettant à la Pâque prochaine sa manifestation messianique. Quelques jours plus tard il prit une résolution différente. Il ne faut pas dire simplement avec Bleek et Meyer qu'il changea d'avis, car ce serait l'exposer au reproche de Porphyre. Il est plus juste de supposer, avec M. Weiss, qu'il reçut de son Père une indication qui modifia ses vues et ses plans. Un tel changement n'a rien de surprenant, car Jésus attendait de moment en moment et suivait docilement les directions intérieures de son Père. {#Jn 5:20 12:49,50}


Intéressant, pourquoi Jésus n'a t-il pas dit dès le début qu'il irait à la fête? Puisque Jésus transmettait la parole de Dieu, cela signifie que la parole de Dieu a subit une modification.


Un autre exemple nous est donné lors de la guérison d'un homme par Jésus :

Marc 8
22 Ils se rendirent à Bethsaïda ; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.
23 Il prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village ; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque chose.
24 Il regarda, et dit : J'aperçois les hommes, mais j'en vois comme des arbres, et qui marchent.
25 Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux ; et, quand l'aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement.


Pourquoi Jésus n'a t-il pas guérit l'homme du premier coup, comme il le faisait habituellement? Était-il impuissant? Nous ne le pensons pas, puisqu'il est dit que c'est Dieu qui accomplissait les œuvres de Jésus, car étant en lui :

Jean 14:10 
Ne crois–tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi–même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres.


Dieu était-il impuissant? Ou bien voulait-il guérir l'homme de la manière dont il le voulait?


Dieu dicte une instruction à Noé puis l'a lui redonne avec plus d'instructions :

Genèse 6:19 
De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi : il y aura un mâle et une femelle.

Genèse 7.2
Tu prendras auprès de toi sept couples de tous les animaux purs, le mâle et sa femelle ; une paire des animaux qui ne sont pas purs, le mâle et sa femelle ;

Bible Annotée sur Genèse 7.2 :
Dans le récit élohiste il n'est question que d'une seule paire de chaque espèce. {#Ge 6:19} Mais, comme nous l'avons vu, le premier ordre avait été donné longtemps à l'avance; c'était une instruction générale; l'ordre actuel, donné au moment de la catastrophe, peut fort bien y ajouter un détail nouveau.


Dieu ne pouvait pas donner l'instruction détaillée de Genèse 7.2 du premier coup? Ou bien fait-il ce qu'Il veut?


Dieu donne plus détails sur la loi qu'il avait donné auparavant :

Bible Annotée sur Deuteronome 15.2 :
Nouveaux détails à ajouter à la loi antérieure d' #Ex 23 et de #Le 25.

Bible Annotée sur Deutéronome 15.14 :
#Ex 21:2 ne prescrivait rien de semblable; c'est un détail à ajouter; très conforme à l'esprit d'humanité de tout le Deutéronome.


Dieu ne pouvait pas tout donner d'un seul coup? Ou bien fait-il ce qu'il veut?









2) Abrogation du texte avec ou sans abrogation de l'application :

87.6-7
Nous te ferons réciter (le Coran), de sorte que tu n'oublieras que ce qu'Allah veut. Car, Il connaît ce qui paraît au grand jour ainsi que ce qui est caché.


Il s'agit de l'abrogation textuelle d'un ou plusieurs versets. Le verset n'est plus récité, mais son application peut encore être valide.

Exemple, le châtiment de celui qui commet l'adultère est la lapidation. Ce verset a été abrogé textuellement, il n'existe plus dans le Coran, mais son application reste toujours maintenue :

'Abdullah Ibn 'Abbâs rappporta que 'Oumar Ibn Khattab s'assis sur le pupitre du Messager d'Allâh (la paix soit sur lui) et dit: Allâh envoya Muhammad (pbAsl) avec la Vérité; Il lui révéla le Livre et parmi les versets qui lui furent révélés, il y avait le verset relatif à la lapidation. Nous l'avons lu, compris et retenu. C'est pour cela que l'Envoyé d'Allah (pbAsl) a fait lapider et que nous avons, après lui, fait aussi lapider. Je crains que dans la suite des temps quelqu'un ne vienne dire: "Par Allâh, nous ne trouvons pas de verset relatif à la lapidation dans le Livre d'Allah"; on tomberait alors dans l'erreur d'abandonner une prescription révélée par Allah. La lapidation, dans le Livre d'Allah, est de droit contre quiconque, homme ou femme, commet l'adultère alors qu'il est marié, quand la preuve est faite par le témoignage, par la grossesse ou l'aveu. [Muslim, III, No. 4194; Bukhari, VIII, No. 816.]


Ainsi, le Coran peut être abrogé par des hadiths authentiques Mutawattir :

Car le Coran ne peut être confirmé qu'en cas de narrations Mutawattir, et le Coran ne peut être confirmé par des narrations Ahad (Abû al-Walîd Sulaymân Ibn Khalaf al-Bâjî, Al Muntaqa Sharh Muwata'a Mâlik, Kitab: Al Rida', Bab: Jami' Ma Ja'a fi Al Rida'a, Commentaire du Hadîth no. 1118, Source)

Un hadith Mutawattir est celui qui est rapporté avec un tel nombre de gens qu'ils n'ont pas pu s'accorder pour inventer un mensonge,  tous ensemble. (al-Jaza'iri, p.33, Source)

Parmi les exemples de Hadîths mutawatir se trouvent ceux relatifs aux cinq piliers de l'Islam et la récitation du Coran. (Source)


Certains s'interrogeront sur la raison pour laquelle Dieu a abrogé textuellement le verset de la lapidation, tout en demandant son application.  Par exemple, le Père Zakaria nous demande : comment Dieu peut-Il faire oublier des versets à Son prophète?

La réponse à cette question est simple, Dieu fait ce qu'Il veut, comme Il le dit juste après le verset de l'abrogation : 

Sourate 2
106 Nous n'abrogeons un verset, ni ne le faisons passer à l'oubli sans en apporter de meilleur ou d'analogue. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent ?
107 Ne sais-tu pas qu'à Allah, appartient le royaume des cieux et de la terre, et qu'en dehors d'Allah vous n'avez ni protecteur ni secoureur ?


Nous pouvons aussi répondre en disant que cela est une épreuve de Dieu, pour ceux qui ne suivent pas la Sunna de Son prophète. Dieu dit dans le Coran qu'il faut obéir au Prophète  Muhammad (sws) : 3.31-32; 4.80; 24.53; 33.36.

Or, obéir au Prophète (sws) c'est obéir à la Sunna qui est une explication du Coran :

16.44
Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait descendre pour eux et afin qu'ils réfléchissent.


Le Coran et la Sunna sont toutes deux des révélations. Le Prophète (sws) dit :

Al-Miqdam Ibn Ma'dikarib rapporte que le Prophète Muhammad, saws, a dit : "J'ai reçu le livre de Dieu et son semblable". (Rapporté par Abû Dawud, numéro 3988)

Le Prophète (sws) dit lors de son dernier sermon : Je vous laisse deux choses, vous ne vous égarerez jamais si vous vous y cramponnez : Le Livre d'Allah et ma Sunna.


Ainsi, il est possible que l'abrogation textuelle de la lapidation constitue une épreuve contre ceux qui n'obéissent pas à la Sunna.


Le Père Zakaria dit encore : Comment expliquer alors que le Coran soit préservé dans une table gardée? C'est simple, lorsqu'un verset est abrogé textuellement, il n'est pas totalement effacé, mais il monte vers la Table gardée. C'est pour cette raison, que lorsqu'un verset est abrogé, on dit de lui qu'il a été "élevé". Exemple :

Anas b. Malik a rapporté que le Messager d'Allah (la paix soit sur lui) a invoqué la malédiction, dans la matinée (de prière), durant trente jours sur ceux qui ont tué les compagnons (du Saint Prophète) chez Bi'r Ma'una. Il a maudit (les tribus) de Ri'l, de Dhakwan, de Lihyan, et d'Usayya, qui avait désobéi à Allah et à Son messager (la paix soit sur lui). Anas a dit: Allah l'Exalté et le Grand a révélé (un verset) concernant ceux qui ont été tués chez Bi'r Ma'una, et nous l'avons récité, jusqu'à ce qu'il ait été abrogé (roufi'a) plus tard (et le verset était comme ceci): "Annoncez à notre peuple, la bonne nouvelle que nous avons rencontré notre Seigneur, et Il a été satisfait avec nous et nous avons été satisfaits avec Lui ". (Sahîh Muslim, Book 004, Number 1433)

Le mot traduit par "abrogé" est "roufi'a" qui signifie "élevé". Le verset a donc été élevé. Or qui est au ciel sinon Dieu? Les versets dans la récitation a été abrogée sont donc gardés auprès de Dieu.


Il existe d'autres exemples hormis celui de la lapidation. Pour ceux qui continuent de contester le fait que Dieu puisse abroger certains versets du Coran au Prophète (sws) et aux musulmans, nous allons démontrer que l'abrogation vient de Dieu et qu'elle constitue un miracle.




LE MIRACLE DE L'ABROGATION TEXTUELLE

Abou Dawoud, ainsi que Ibn al-Moundhar, ainsi que al-Anbari, ainsi que Abou Dharra al-Harouya, rapportent : Selon Abou Oumama Ibn Sahl Ibn Hanifa : "Un homme a voulu réciter une sourate la nuit sans qu'il ne pu le faire, et un autre homme a aussi voulu réciter cette sourate sans qu'il ne pu le faire, et un autre homme a aussi voulu réciter cette sourate sans qu'il ne pu le faire. Ils sont alors partie en informer le Prophète (sws) le matin qui leur a répondu : "Elle a certes été abrogée hier". (Hadith rapporté dans les livres de Tafsîr de la sourate 2.106 de al-Qurtubi & al-Suyuti & al-Shawkani & al-Baghwi & al-Tha'labi. Ibn Taymiyya rapporte ce hadith dans sa compilation de fatwa et dit qu'il est authentique (Majmou' al-fatawa 17/186)).

Remarque : Il existe un autre hadith semblable à celui-ci rapporté par al-Tabarani (voir ici) dont al-Shawkani dit qu'il est faible (voir ici). Il ne faut donc pas le confondre avec celui cité par les 5 exégètes plus haut.
 
Ce Hadîth est un preuve de l'abrogation divine, et il représente une preuve pour ceux qui ne croient pas en l'abrogation ou qui démentent le fait que Dieu puisse abroger des versets textuellement. En effet, comment imaginer que deux hommes qui avaient apprit une sourate du Coran de la part du Prophète (sws), et qui, tout deux, s'étaient évertués à la réciter la nuit, n'ont même pas réussit à en réciter ne serait ce qu'un seul mot. Imaginez une personne qui apprend une poésie par cœur. Puis, lorsqu'elle essaie de la réciter, ne se souvient plus d'aucun mot. Que dire alors lorsqu'il s'agit de deux personnes? La seule explication logique est que c'est Dieu qui a effacé de la mémoire des deux hommes cette sourate dans une logique d'abrogation.


Egalement, le hadith suivant prouve que Dieu peut effacer des informations qu'avait en mémoire le Prophète (sws) :

Abou Sa'id al-Khoudri dit : Le Prophète (sws) fit sa retraite spirituelle à la mosquée durant la première décade du mois de Ramadan et nous le fîmes avec lui, alors l'Archange Gabrièl vint lui dire : "Ce que tu cherches est dans les jours qui suivent". Le Prophète (sws) continua sa retraite durant la deuxième décade et nous fîmes de même. Gabriel vint lui dire encore : "Ce que tu cherches est dans les jours qui suivent!". Alors le Prophète (sws) monta en chaire, le matin du vingtième jour de Ramadan et dit : "Celui qui a fait sa retraite spirituelle avec le Prophète (sws) qu'il y revienne, Dieu m'a fait voir la "Nuit du destin", puis me l'a effacée de l'esprit, elle est incluse dans la dernière décade du Ramadan, c'est une nuit impaire. Je me suis vu (en songe) me prosterner dans la terre mouillée!". Sahih Bukhari, livre de l'adhan, chapitre 135, numéro 813.


Par ce miracle, nous avons la preuve que l'abrogation émane de Lui-même, et n'est pas comme le pense le Père Zakaria Botros, une contradiction.







03/09/2008
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