Muhammad saws ordonne de tuer la tribu de Banû Qurayza ?





Muhammad saws ordonne de tuer la tribu de Banû Quraiza ?





 


Comment ne pas avoir entendu parler sur Internet ou dans les livres de vulgarisation, prétendant relater la vie du Prophète Muhammad, sallâllallâhou alayhi wa salam (ou plus souvent de "Mahomet") d'une histoire  qui a fait couler beaucoup d'encre : celle relative au sort des Banû Qurayza, tribu juive ayant habitée Médine à l'époque du Prophète Muhammad, saws, et qui fut décimée par les musulmans.

 

Les adversaires de l'Islam raffolent de cette histoire et ne manquent pas de la citer pour dénigrer le Prophète Muhammad, saws, et lui tailler le portrait d'un "exterminateur juif".

 

 

 

 

Synthèse des faits:

 

 

 

 

 

 

Ce célèbre événement remonte à l'an 5 de l'Hégire [1]  (627 de l'ère chrétienne) et se produisit lors de ce que l'on appelle la "Bataille des coalisés" ou "des confédérés", terminologie désignant la tentative d'envahissement de Médine musulmane par les forces arabes païennes dans le cadre de la guerre opposant les deux parties.  Il convient de passer en revue certains faits non négligeables :

 

 

1. A son arrivée à Médine, le Prophète Muhammad, sallâllallâhou alayhi wa salam, n'avait absolument rien contre les juifs. À travers le pacte (Sahifa) de Médine, il les a inclut dans la communauté des croyants et leur a reconnu les mêmes droits et les mêmes devoirs que les Musulmans. L'une des clauses de cette "constitution" stipulaient que juifs et musulmans devaient œuvrer pour la défense de la cité contre une éventuelle agression extérieure.

 


2. Avant la Hijra du Prophète, saws, les Banû Qurayza étaient juridiquement inférieurs à une autre tribu juive de la ville : les Banû Nadhîr. Ce système faisait que le meurtre d'un Nadhirite par un Qurayzite entraînait la possibilité de l'application du talion, alors que le meurtre d'un Qurayzite par un Nadhirite ne pouvait exposer ce dernier à la loi du talion : la famille de la victime, Qurayzite, devaient se contenter d'un dédommagement financier. Le Prophète, saws, corrigea cette injustice et leur donna un statut juridique équivalent à ceux de leurs confrères. (rapporté par Abû Dâoûd, Kitâb al-Diyyaat, Baab al-Nafs bi al-Nafs n° 4494)

 


3. Les tribus juives n'ont pas honoré leur accord et l'on rompu en pactisant avec les Qurayshites Mecquois et en tentant d'assassiner le Prophète, saws, à plusieurs reprises. En conséquence, les tribus de Banû Qaynuqâ' et Banû-n-Nadhîr coupables furent expulsées de la ville tandis que les Banû Qurayzah renouvelèrent leur pacte de non-agression avec le Prophète, saws.

 


4. Durant la bataille du Fossé, ils firent alliance avec les coalisés d'Abû Sufyan, s'apprêtant à prendre les musulmans à revers, et ils rompirent ainsi leur engagement, ce qui est prouvé par un certain nombre de rapports qui pris ensemble constituent une preuve évidente. [2]  Le siège de leur fort et leur assassinat fut la résultante de leur trahison.

 


Ibn Oumar explique à cet égard :


 

Les juifs des Banû An-Nadîr et des Banû Qurayza ayant attaqué le Prophète (pbAsl), celui-ci expulsa les Banû An-Nadîr, mais maintint les Banû Qurayza par mesure de faveur jusqu'au jour où, ceux-ci l'ayant de nouveau attaqué, il mit alors à mort leurs hommes et partagea leurs enfants, leurs femmes et leurs biens entre les musulmans. Toutefois quelques gens des Banû Qurayza se rallièrent au Prophète, saws, qui leur accorda la sécurité et ils se convertirent à l'Islam. Le Prophète expulsa de Médine tous les juifs: ceux de la tribu des Banû Qaynuqâ`, ceux de la tribu des Banû Hâritha et tous les juifs de Médine.

 

 


http://hadith.al-islam.com/bayan/display.asp?Lang=frn&ID=1025

 


 

Huyayy ibn Akhtab al Nadari, des Banû Nadhir, les a incité et notamment l'un de leurs leaders Ka'ab ibn Sa'd, à violer leur pacte, leur faisant miroiter une occasion inespérée de se débarrasser de Muhammad, saws, à un moment critique pour les musulmans, assiégés par 10, 000 combattants arabes païens, principalement des Qurayshites et des Ghatafân. Les Banû Qurayza acceptèrent et convinrent de prendre à revers les musulmans déjà occupés à faire face aux coalisés. Il est rapporté que le Prophète envoya Az-Zubayr ibn al Awwam [3] pour enquêter au sujet de l'attitude des Banû Qurayza, puis il envoya ensuite Sa'd ibn Mu'adh, Sa'd ibn 'Ubadah, Abd Allah ibn Rawahah and Khawwat ibn Jubayr [4] pour vérifier la rumeur disant que les Banû Qurayza ont rompu leur pacte et les quatre confirmèrent, ce qui désola les musulmans et abaissa leur moral.

 


Seulement, une ruse de Nu'aym ibn Mas'ûd, r.a.a, néophyte musulman, fit échouer leur plan. Celui-ci se rendit, avec la bénédiction du prophète, saws, auprès des Banû Qurayza, dont Nu'aym était jadis l'ami, et leur tint en substance le discours suivant : "Vous avez mal fait de rompre le pacte avec Muhammad et les siens. Car si le siège de ces derniers devait échouer, les Mecquois et les Ghatafân partiraient loin d'ici, chez eux, et vous vous retrouverez face à ceux que vous avez trahis. Alors laissez-moi vous conseiller de leur demander de laisser parmi vous certains des leurs, en garantie qu'ils ne partiront pas en vous abandonnant à votre sort". Puis il se rendit auprès des Quraysh (les Mecquois) et leur dit en substance : "Sachez que les Banû Qurayza ont regretté vous avoir écoutés et avoir rompu le pacte avec Muhammad, lui ont proposé de renouer ce pacte, et, pour se faire pardonner de leur rupture, lui ont offert de lui livrer des prisonniers parmi vous." Puis il alla chez les Ghatafân et leur dit la même chose.  Quand les Banû Qurayza demandèrent de telles personnes en garantie, ceci suscita la méfiance des Mecquois et des Ghatafân, qui se dirent que Nu'aym avait dit vrai et que les Banû Qurayza allaient sans doute remettre ces personnes au Prophète.  Ils envoyèrent comme réponse aux Banû Qurayza qu'il était hors de question qu'ils leur remettent qui que ce soit. Lorsque cette réponse leur parvint, les Banû Qurayza pensèrent que Nu'aym avait eu raison de les mettre en garde. S'ensuivit une cassure entre les deux parties alliées, ce qui contribua – avec d'autres difficultés climatiques surgies dans le même temps, au départ des Mecquois et des Ghatafân et à la levée du siège

 

 


5. Après le départ des Coalisés, le Prophète se résolut à les châtier et les musulmans les assiégèrent dans leur fort. Ceux-ci se rendirent, tout en demandant au Prophète de laisser Sa'd ibn Mou'âdh, r.a.a, de la tribu des Aws dont les Banû Qurayza étaient les alliés avant la venue de l'Islam à Médine (espérant un jugement laxiste de sa part), arbitrer et décider de leur sort. Une requête qui fut acceptée. Sa'd, mourant, leur dit : "Je vais juger selon la loi de Moussa". Ne faisant pas preuve de faiblesse, il condamna conformément à la loi du Pentateuque (régissant la vie des juifs de Médine selon le pacte de Médine) leurs hommes à être exécutés et leurs biens, leurs femmes et enfants à être captivés et distribués entre les musulmans.



Cependant, certains juifs dont il était notoire qu'ils avaient été loyaux et respectueux du pacte conclu avec les musulmans furent épargnés et mis hors de cause:




Le siège continua durant 25 jours, durant lesquels les musulmans permirent aux juifs qui avaient refusé de trahir le Prophète (Paix sur lui) durant la Bataille du Fossé de partir et aller où bon leur semblait en reconnaissance de leurs fidélités. (Muhammad Al-Ghazali, Fiqh us-sîra, p.346)



Il devrait être clair à partir des faits donnés ci-dessus que, compte tenu de leur comportement précédant le jugement, les Banû Qurayzah ont mérité une peine sévère pour leur violation du pacte et leur tentative d'exterminer les musulmans en leur prenant à revers. En outre, il est également clair que la peine n'a pas été édictée par le Prophète, saws, mais plutôt par une personne, que les Banû Qurayzah avaient eux-mêmes choisis comme arbitre, affirmant accepter son verdict.

 


Si l'on considère malgré tout que ce sont le Prophète et les musulmans qui ont condamnés les Banû Qurayzah alors ils n'ont fait qu'exécuter les directives dictées par le Coran dans le cadre d'une guerre défensive :

 


Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent et ne soyez pas agresseurs, certes Allâh n'aime pas les agresseurs (Coran 2 :190)




Une sentence plutôt en adéquation avec les normes de l'époque comme le signale  Rudi Paret:





Quand au massacre des Banû Quraiza, il faut se souvenir qu'à cette époque, les usages de la guerre étaient bien plus brutaux que ceux auxquels nous sommes accoutumés depuis la convention de Genève. Par conséquent, Muhammad doit être jugé selon les normes de son temps. [5]

 



Mais l'avis qui est correct est que les Banû Qurayzah ont été jugés et punis en fonction de leurs préceptes religieux, en vertu du pacte de Médine. Le Pentateuque dit:

 



Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix.  Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi.  Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras.  Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée.  Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés. (Deutéronome, 20 :10-14)

 


C'est d'ailleurs parce que leur sort fut décidé en vertu de leurs lois religieuses que l'un des chefs juifs Huyayy ibn Akhtab al Nadari lors de ces derniers instants se tourna vers le Prophète et lui dit :








Par Dieu, je n'est pas de regret de m'être opposé à toi mais le fait est que quiconque tente de tromper Dieu est finalement lui-même trompé.

 


 

Puis il se tourna vers les siens et dit :











Gens, il n'y a pas de mal dans l'application des lois de Dieu. Ceci était la directive de Dieu, ça a été décidé, c'est un châtiment que Dieu a prévu pour les enfants d'Israël.

 



En conclusion, les musulmans se sont défendus contre des gens ayant été fourbes à leur égard, ayant travaillés à leur anéantissement. Le Prophète avait permis aux Banû Nadîr et Banû Qaynuqa d'émigrer hors de Médine. Le résultat fut qu'ils posèrent bagages à Khaybar et firent de cette ville une base pour les arabes opposés à l'Islam. Sa'd (r.a.a) le savait bien et il fut très ferme dans son jugement.

 


Quand au chiffre de 700 mentionné par Ibn Ishâq, il a été remis en question par d'autres biographes postérieurs. Ibn Kathîr estime dans al-Bidaya, qu'il y aurait 400 hommes décapités.

 

 

 

Références :

 

 

 

[1] Ibn Sa'd, At-Tabaqat, 3/74; Ibn Hishâm, al Sirâ, 3/715; At-Tabari, Tarikh al Rusul, 3/593; Ibn Sayyid al Nas, Uyun al Athar, 3/68

 

[2] Abd al-Razzaq, al Musannaf, 5/368-373, et Abû Nu'aym, Dala'il al Nubuwwah, 3/183

 

[3] Al-Bukhârî, al Sahih, 3/306; Muslim, al Sahih, 7/138

 

[4] Ibn Hisham, al Sirâ, 3/706


[5] Rudi Paret, Mohammed Und Der Koran, Stuttgart, 1957, p.112





Moussa Youssouf

 

 




14/11/2007
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